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Assocesnam
1 juin 2012

Toujours plus haut, toujours plus loin

Réflexions après un voyage dans l’Archipel Palestine 

De retour d’un voyage destiné à aider des étudiants universitaires palestiniens à poursuivre leurs études malgré les grandes difficultés du moment, j’ai été frappé par certains aspects étonnants que l’on constate au jour le jour dans la terre bénie du Ciel. Première bénédiction, la gentillesse, le sourire et l’accueil que l’on reçoit de la part des Palestiniens. C’est de loin l’impression qui prévaut, heureusement.

Heureusement car, derrière cet aspect si positif se cache la « terre bannie du Ciel » , des réalités implacables et délétères et j’en vois deux en particulier parmi les nombreuses mauvaises surprises que l’on rencontre à tout bout de mur. . Le « Guinness book of record » de la honte, le mur,  toujours plus long, toujours plus sinueux et parfois même plus haut. Vous me direz : 8 m mètres de haut n’est-ce  pas suffisant !

Mur « normal. »(Euphémisme)

 

 une

 

Mur « promotion + »(Walajeh)

 

 une

 

Ce mur défigure littéralement le pays et sinue dans tous les sens, spécialement dans les environs de Jérusalem , Kalkilya, Walajeh (Bethléem), Abou Diss, Bétanie et tant d’autres lieux. Plusieurs villes et villages sont d’ailleurs littéralement encerclés. La longueur du mur fait deux fois la longueur de la « frontière » entre les deux Etats. Frontière ? Israël est un des seuls Etats au monde à n’avoir pas de frontière précisée dans sa Constitution et, pour cause. Un Palestinien d’Abou Diss, en me montrant le mur qui frôle sa maison, précisait : « cà, c’est mon   holocauste ! ». Son père fut séparé de lui par le mur lors de sa récente construction.  (Il habitait à quelques mètres de l’autre côté). Interdiction lui fut faite de lui rendre visite. Dernièrement, son père mourut et il ne reçut pas la permission d’assister aux funérailles ! La procédure pour obtenir un permis de quelques heures était trop longue…Pour une autre personne, c’est aussi la destruction de son rêve : Une de nos étudiantes à  l’Université d’Al Quds. a réussi son premier semestre avec distinction. Elle a été contrainte d’annuler son inscription au deuxième semestre. En effet, elle habite à quelques kilomètres du campus mais les circonvolutions du mur la contraignent maintenant à perdre une heure et demie à deux heures par jour le matin et le soir et pire, à prendre plusieurs navettes de bus pour environ €2,50 par jour ce qui est impossible pour une étudiante qui fait face à des difficultés financières. Pour elle, le mur la prive du droit à l’instruction. C’est le pire qui puisse arriver. Quel meilleur moyen d’humilier un être que de l’empêcher de s’instruire !

 

Après le mur, les colonies. Un demi-million de colons israéliens peuplent le dessus des belles collines de Palestine et surtout les parties fertiles du pays.  Ces colonies sont construites sur un véritable système d’apartheid : entourées de murs et de protections Elles sont  reliées à Israël par des routes interdites aux Palestiniens, elles produisent en abondance des fruits et légumes et aussi d’autres produits de consommation plus durables, ces colonies prospèrent. Les habitants reçoivent d’importants subsides et le commerce de leurs productions, exportées principalement en Europe sous label « made in Israël » se porte bien. L’expansion continuelle des colonies est un fait évident bien connu de tous nos politiciens nationaux et internationaux. Ce qu’il convient d’appeler « l’Archipel Palestine » est un pays sans avenir économique, donc, politique.  Interdiction de circuler librement entre les « îlots », interdiction pour les « iliens » de se rendre à la capitale, interdiction pratique de transporter des produits périssables, pas d’aéroport, pas de port…on ne peut mieux faire pour étouffer un pays. En quittant la Palestine par le fameux pont « Allenby » chaque voyageur est interrogé sur les raison de sa visite. L’intérêt principal est la question de savoir « où » on a été et « qui » on a rencontré. A ma réponse : en Palestine, à Abou Diss, à Walajeh, à Bethléem, à Jénine… » le ou la préposée de service répond : ces lieux sont en Israël, pas en Palestine. Je réponds : « non, c’est en Palestine ». A quatre reprises la même question m’est posée. A chaque fois, je réponds de même. Alors, d’un air vraiment mécontent, il(elle) applique le cachet de sortie. Mais, cela en dit long sur l’esprit des fonctionnaires israéliens contrôlant l’entrée et la sortie d’un pays qui n’est pas le leur..

Bref, en sillonnant l’Archipel « Palestine », on ne peut que ressentir d’une part un sentiment de « honte à celui qui a construit le mur et qui l’amplifie » et un sentiment de dégoût par rapport au système d’Apartheid qui caractérise l’expansion des colonies. Mais surtout, sans doute, un sentiment de honte pour les responsables politiques et diplomatiques du monde, dont nous faisons partie. Seul rayon de soleil pour un belge : la Belgique, avec l’Autriche, sont les deux seuls pays de l’Union Européenne qui ont signé une proposition de l’ONU pour réaliser une enquête au niveau des Colonies de peuplement. Tous les autres pays se sont abstenus! Je profite de ceci pour rendre hommage à notre Ambassadrice en Israël qui a été priée de se rendre à Jérusalem pour se faire réprimander par Israël parce que la Belgique respectait le droit international en ce qui concerne le souhait de l’ONU. Il ne fait aucun doute que la situation dramatique et qui empire constamment au Proche-Orient a été d’abord créée par les Grandes Puissances (et si on les appelait les « Grandes Impuissances ! ») puis, encouragée par celles-ci. La tolérance totale envers l’Etat d’Israël a permis à ce pays de bafouer des dizaines de fois le droit international tant public que privé et cela continue, voire s’amplifie. On comprend l’abîme qui sépare la déclaration Balfour » des agissements de l’Etat Hébreu. Il s’agissait alors de donner une terre aux Juifs, dans le cadre, évidemment, du respect des droits des Palestiniens….Evidemment !

Oui, la situation au Proche-Orient ne peut redevenir juste que par la volonté d’Israël ou celle de la Communauté Internationale. Pour la volonté d’Israël, j’ai comme un doute. Pour la Communauté Internationale, cela dépend peut-être en fin de compte de chacun d’entre nous.

L’Europe et les Etats-Unis agissent-ils ainsi pour  garder un « pied » sur le sol béni du Proche-Orient ? Si oui, c’est bien mal pensé car, que sert d’avoir un « pied » dans la place si le cœur ne vient pas en premier ?                                           

 

Alain Rihoux Avril 2012

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